Plus tard, je serai …SPéLéOLOGUE merci EriC ZIPPER
Qui êtes-vous Eric Zipper ?
Je suis l’heureux père de deux grands enfants qui eux vivent en surface avec leur mère, enfin généralement, car il arrive parfois à ma fille de se laisser aller à retourner sous terre. Je travaille dans une maison d’édition en Alsace, mon bureau se situe dans l’entresol, moitié en surface, moitié sous terre. J’ai 47 ans, je regarde le monde et j’enrage parfois de ne pas en faire plus.
Comment la spéléologie est entrée dans votre vie ?
En douceur, par des immersions successives et régulières grâce à mon grand-père qui m’emmenait tout-petit m’émerveiller dans le Gard devant les stalagtites, mites et autres concrétions de l’aven d’Orgnac. Est-ce la nostalgie ? Mais j’y retournerai pour de bon il y a un peu plus de 20 ans avec ma compagne pour ne plus en sortir. Est-ce l’évasion, la beauté, l’aventure humaine, une quête plus large et plus enfouie, je ne saurais répondre. Toujours est-il que je m’y sens bien, que je m’y ressource en me rapprochant de… oui de quoi en vrai.
Quelle formation ?
Je suppose que l’on ne parle que de celle qui concerne la spéléologie… Une formation traditionnelle en club, en stage fédéraux, une expérience qui se construit au gré des rencontres et des expériences, des problèmes et des révélations sur des sujets aussi vastes que la biospéléologie, la géologie, l’hydrologie, la topographie, le secours, l’exploration, l’archéologie… Car la spéléo c’est tout cela à la fois, une activité multi facettes, taillée comme un diamant. Chacun prend ce qui lui plait, à un âge, une période, au gré des rencontres. Mais il donne aussi, il partage, son savoir, son expérience. Les stages furent nombreux, mais les croisements de vie, les histoires d’hommes et de femmes ont aussi contribué à cette formation.
Quel est le premier merveilleux souvenir sous terre ?
C’est impossible de n’en citer qu’un… Certainement les premières sorties avec mes enfants à la grotte de la Bruges, pas si loin d’Orgnac d’ailleurs, où nous partagions le scintillement des concrétions à la lueur de nos frontales, le silence absolu, mais aussi le goûter apporté avec nous et les histoires à n’en plus finir de trolls et de baguettes magiques. Avant d’attaquer des concours de ramping dans les étroitures qui me laissaient coincé tandis qu’ils filaient devant en ayant à peine ralenti
Pour qui travaillez vous ?
Je travaille pour l’éditeur qui me paye. La spéléologie n’est pas mon travail. Je suis président du Comité départemental de spéléologie du Haut-Rhin, conseiller technique départemental en spéléo secours, mais tout cela n’est que bénévolat et engagement personnel, quels que soient les missions et les responsabilités à remplir.
Quelles sont vos missions ?
Tout d’abord me faire plaisir, découvrir, trouver de nouvelles sensations, partager ma passion. Mais aussi animer le département et organiser les équipes de secours spéléo qui interviennent en cas de (très rares) accidents. Et, en cas de secours, diriger les opérations souterraines.
Ces fonctions, je les ai remplies presque 10 ans au niveau national, travaillant ainsi au plus haut niveau pour la reconnaissance du fantastique travail spécialisé des 2000 sauveteurs civils et bénévoles du SSF. Dans ce cadre, j’ai eu aussi à diriger de très nombreuses opérations de secours.
Cette expérience et ma passion du secours, m’ont conduit également à m’engager comme technicien de catastrophe dans une ONG spécialisée en Search and Rescue et donc à vivre aussi de très fortes aventures humaines.
Quelle est celle qui a vous le plus touchée ?
Certainement la dernière, celle de la Dragonnière, dans les gorges de l’Ardèche qui, après 9 jours d’efforts, s’est terminé tragiquement.
Quels projets ?
Une caisse pleine ! un virage professionnel forcé, un pas en avant de plus dans le domaine du secours, de nombreuses explorations en vue, des missions humanitaires, aider son prochain en quelque sorte.
Un conseil ?
Ne vous laissez pas impressionner par les clichés, la spéléologie est une fantastique aventure, nous sommes les derniers explorateurs, découvrant les zones blanches souterraines. Venez découvrir, passer la tête sous terre, mais ne le faites pas seul ! Appelez moi !
Interview Marie-France Annasse pour very*cHOuette
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